Une université d’été avec le cercle Richelieu

En cette matinée d’août 2023, nous cheminions sur les routes sinueuses du Mâconnais, fleuries par les arbres bien verts malgré la canicule. La brume cache sur une colline au loin des remparts médiévaux que l’on distingue à peine. Sur ce promontoire rocheux sis notre lieu de vie pour les trois prochains jours.

Après avoir gravi le tell sur lequel se fige la forteresse, portant nos sacs lourdement chargés, nous entrons à l’intérieur des murs par la grande et majestueuse porte. Nous sommes alors accueillis par de bons amis nous indiquant où nous installer. Soit ! Nous crécherons sous la tente dans un petit pré non loin du castel. Très vite la foule s’amasse dans une grande salle jonchée de bancs et d’étendards des diverses provinces. Un chef prend la parole et l’assemblée se tait !

L’intendant qui ouvre l’université d’été par un discours fervent et vindicatif nous soulage de nos efforts, nous sommes arrivés dans l’antre du Cercle Richelieu ! La matinée s’avance avec cette longue allocution, vient alors l’heure de retrouver les camarades. Certaines têtes nous sont familières, nous retrouvons de bons amis mais nous avons aussi le plaisir de découvrir de nouvelles personnes de qualité que nous n’avons pas la joie de connaître. Le soleil commence à percer les nuages alors nous sortons pour déambuler sur les remparts. La vue se dégage de son manteau blanc et un paysage formidable s’offre à nos yeux. Les tours culminantes du château de Berzé offrent une vision sur des dizaines de kilomètres de collines et de forêts tout à fait féeriques !

À peine le temps de profiter de ce décor que nous sommes appelés à manger, et ce n’est pas de refus pour nos panses affamées. De retour dans la grande pièce de tout à l’heure, les tables sont dressées et un doux fumet fait naître des sourires sur nos visages. Nous nous asseyons tous à une table et nous bénissons le repas qui nous est servi (et bien sûr ceux qui l’ont préparé !). Ah, quel bonheur de se retrouver à de telles tables ! Des mets bien français nous sont servis, le vin ne manque ni en qualité, ni en quantité, les discussions sont vives, riches et fortes, les poumons de certains entonnent des chansons qui sont reprises et amplifiées ! Le repas prend fin après un temps réel de plaisir français où l’on mange plutôt que l’on se nourrit ! Un petit temps de digestion nous est nécessaire pour envisager la suite des évènements. Effectivement, l’après-midi est consacrée au tournoi de la Main Blanche organisée par Damien Tarel.

Des combattants en gambison s’opposent à leur adversaire en donnant des coups saillants d’épée à deux mains. La chaleur est insoutenable, le soleil de plomb fait perler des gouttes de sueur sur les spectateurs attentifs et sur les prochains duellistes se préparant. On entend le bruit des chocs, les fracas et les sursauts sont entremêlés des encouragements du public et des arrêts de l’arbitre. Les combats s’enchaînent, on m’avait proposé de participer alors je me prépare à affronter mon opposant. Sous ce masque d’acier, la canicule se fait davantage sentir, la visibilité est terriblement mauvaise, les couches de protection m’étouffent presque. Me voici au centre de la lice, une épée dans les mains, un adversaire en face… Je n’ai pas le temps de frémir, Damien lance le combat !


Je lève ma garde, tente des coups à droite, à gauche, j’espère parer ceux de mon adversaire ! Ils sont puissants, il me met un coup à la tête avec le plat de son épée, rien de plus stimulant sous le soleil de feu ! Je lui assène un coup mais il l’évite et m’estoque à la tête, il marque le premier point sur les trois. Allons, je ne me laisse pas décourager et je repars à l’assaut ! Cette fois-ci, il ne parvient pas à me toucher mais il me saisit fermement et me lance contre la barrière qui manque de s’exploser ! Je refuse de me laisser abattre mais il me saisit une nouvelle fois et essaie de me mettre à terre. Il n’y parvient pas et c’est lui qui mange le sol ! Il perd son épée, je marque mon premier point ! Allons, la partie n’est pas terminée, voici le point décisif ! Cette aventure nous a déjà bien fatigués mais la puissance de nos coups ne faiblit pas ! Je suis trempé de sueur jusqu’à l’os mais je ne perds pas courage ! Cette fois-ci je regarde mon adversaire, laissant une distance et tournant autour de lui avant de fondre sur lui comme un rapace. Il a toutefois la même idée et saute en ma direction. Le tintement des épées reprend, certains coups frappent mais ne sont pas pris en compte par la réglementation du tournoi. Ce dernier point dure, le souffle est rude et les coups faiblissent, l’attention et les parades maintiennent cependant leur niveau ! Soudain, mon adversaire lève son épée, je lève la mienne pour parer mais il feinte et passe m’enfiler un estoc bien placé qui m’élimine du tournoi ! Nous nous saluons et reprenons nos esprits, et espérons nous retrouver l’année prochaine pour une revanche ! Enfin, le soleil est toujours là et nous bénissons les porteurs d’eau qui nous permettent de nous abreuver !

Le tournoi continue alors sans moi mais il en est d’autant plus spectaculaire ! Les combats durent jusqu’à la soirée et nous n’avons pas le temps de nous ennuyer ! Le soir venu, épuisés et salis, nous nous retrouvons à nouveau attablés pour partager nourriture, boisson et chanson ! La soirée s’annonce tout à fait joyeuse ! Les cœurs du coin du feu s’éternisent dans la nuit qui tombe mais moi aussi je tombe de sommeil ! Après une nuit réparatrice tout à fait nécessaire, nous sommes allés au village voisin pour la messe dominicale. La chapelle était pleine et les chants grégoriens résonnaient sous les voûtes claires de l’église romane. Le soleil transperçait les vitraux et la fumée de l’encens créait des rayons de lumière donnant un aperçu de la vie céleste !

De retour au château et après un bon déjeuner dominical, nous avons eu une visite guidée du château de Berzé. Nous avons pu observer armes et armures, salles secrètes et anciennes ainsi que les fondations millénaires de la forteresse, le tout sous le même ciel dégagé ! L’université d’été a continué, les conférenciers ont abordé des sujets tout aussi riches qu’intéressants et formateurs, le cercle a aussi organisé une visite de l’abbaye de Cluny non loin de là. De fait, les trois jours sont passés bien trop vite ! On a le cœur serré lorsque l’on doit quitter ses nouveaux amis et ses anciens camarades. Enfin, nous espérons nous retrouver l’année prochaine pour partager à nouveau ces francs instants de fraternité et de joie !

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