Après avoir parlé de ses origines & de sa cérémonie, il est intéressant de voir l’évolution & les acteurs de celui-ci au fil des sacres, nous allons donc faire un récapitulatif des quarante-six sacres de roi & des évènements qui s’y sont déroulés, (hors toucher des écrouelles & évènements post-sacre).
Nous ne parlerons pas de celui de Clovis, ni des princes Capétiens Hugues & Philippe, ni de l’usurpateur anglais ou du sacre de Napoléon qui ne fit que s’inspirer de celui de nos rois.
Les Carolingiens & Robertiens
Pépin « le Bref » fut sacré à Soissons, probablement à la Noël de 751, comme un rappelle de celui de Clovis Ier ; le lieu n’est pas connu, est-ce la cathédrale Saint-Gervais-&-Saint-Protais ou l’abbatiale Saint-Médard, dont le fondateur est Clotaire Ier ? Nous l’ignorons.
Il fut sacré une seconde fois avec ses fils Charles & Carloman, le dimanche 28 juillet 754, dans l’abbatiale Saint-Denis, des mains du pape Étienne II ; nous n’avons guère plus d’information sur ce sacre.
Pépin le Bref est couronné par le pape Étienne II tandis que Childéric III est déposé des Chroniques de Saint-Denis, enluminure, auteur inconnu, vers 1274, Bibliothèque Sainte-Geneviève.
Charles & Carloman furent sacrés le dimanche 9 octobre 768. Les cérémonies se sont déroulés respectivement dans les cathédrales Sainte-Marie de Noyon & Saint-Gervais-&-Saint-Protais de Soissons en raison du partage du royaume.
Charles (le futur Charlemagne), fut sacré une nouvelle fois, en la chapelle du palais de Corbeny, par l’archevêque de Sens.
Louis Ier fut sacré le dimanche 5 octobre 816, en la cathédrale Sainte-Marie de Reims, des mains du pape Étienne IV ; le choix de Reims
fut dicté par la volonté de se rattacher au premier roi ; tout fut préparé pour accueillir le Saint-Père le 1er du mois par un cortège jusqu’à l’abbatiale Saint-Rémi ; suivi le lendemain d’un échange de cadeaux & d’invitation mutuelle à dîner. Le dimanche, le pape oint l’empereur & lui ceint une couronne qu’il avait amenée & qui aurait ceint l’empereur Constantin, en entonnant des paroles à la gloire de l’empereur & de sa dynastie ; puis de nouveaux présents furent échangés.
Charles II fut sacré le mercredi 6 juin 848, en la cathédrale Sainte-Croix d’Orléans, par l’archevêque de Sens Wénilon ; en présence des grands & des évêques & abbés du royaume. Celui-ci s’avéra nécessaire pour assoir son pouvoir disputé, en Aquitaine par Pépin « le Jeune » soutenu par l’empereur Lothaire ; par Louis « le Germanique » qui ne cachait ses ambitions & par le roi des Bretons Nominoë dont les volontés d’indépendance se faisait grande.
Il fut sacré une seconde fois en la cathédrale Saint-Étienne de Metz, le vendredi 9 septembre 869, à la mort de son neveu Lothaire ; dans lequel certains passages subsisteront jusqu’à Charles X, puis à Rome en 877, à la mort de son autre neveu Louis.
Louis II fut sacré le dimanche 8 décembre 877, en la chapelle du palais de Compiègne, par l’archevêque de Reims Hincmar ; il débuta par une formule de promesse qui se pérennisa.
Louis III & Carloman sont sacrés le dimanche 6 septembre 879, en l’abbatiale Saint-Pierre de Ferrières-en-Gâtinais, par l’archevêque de Sens, Anségise ; ce fut une période trouble & nous connaissons peu les détails de ce sacre.
Eudes fut sacré le jeudi 29 février 888, en la chapelle du palais de Compiègne, par l’archevêque de Sens, Gautier ; après avoir été proclamé roi par une assemblée des seigneurs.
Charles III « le Simple » fut sacré le dimanche 28 janvier 893, en l’abbatiale Saint-Rémi ou la cathédrale de Reims par l’archevêque Foulques. Le choix du jour ne fut pas anodin, Foulques qui était un fervent partisan des Carolingiens, avait choisi le jour de la mort de Charlemagne.
Robert Ie fut sacré le dimanche 30 juin 922, en l’abbatiale Saint-Rémi de Reims, par l’archevêque de Sens, Gautier, après la déposition de Charles III.
Raoul fut sacré le dimanche 13 juillet 923, en l’abbatiale Saint-Médard de Soissons, par le même archevêque de Sens, Gautier.
Louis IV fut sacré le dimanche 19 juin 936, en la cathédrale ou l’abbatiale Sainte-Marie de Laon, par l’archevêque Artaud.
Lothaire fut sacré le dimanche 12 novembre 954, en l’abbatial Saint-Rémi de Reims, par le même archevêque Artaud.
Louis V fut sacré le dimanche 8 juin 979, en l’abbatiale Saint-Corneille-&-Saint-Cyprien de Compiègne, par l’archevêque de Reims Adalbéron ; il fut le dernier Carolingien à être sacré.
Les Capétiens directs
Hugues Capet fut sacré le mercredi 1e juin 987, en la cathédrale Sainte-Marie de Noyon, par l’archevêque de Reims Adalbéron ; désigné par les grands au détriment de Charles ; le lieu fut choisi en référence à Charlemagne pour mieux asseoir sa légitimité ; mais il fut semble-t-il réduit à un port de couronne.
Couronnement de Hugues Capet, roi des Francs des Grandes Chronique de France, enluminure, auteur inconnu, xive, département des Manuscrits de la Bibliothèque nationale de France.
Robert II fut sacré le dimanche 25 décembre 987, en la cathédrale Sainte-Croix d’Orléans, par l’archevêque de Reims Adalbéron ; du vivant de son père, pour asseoir le principe dynastique. Adalbéron était d’abord réticent, mais la présentation d’une lettre de Borrel, duc d’Espagne Citérieure appelant à l’aide contre les envahisseurs, le convainquit de l’urgence d’avoir un chef, au cas où l’un des deux viendrait à périr.
Henri Ier fut sacré le dimanche 14 mai 1027, en la cathédrale Sainte-Marie de Reims, par l’archevêque Eble de Roucy ; la reine Constance d’Arles aurait voulu voir son fils Robert sacré, mais Robert II tint tête, elle fut absente de la cérémonie.
Philippe Ier fut sacré le dimanche 23 mai 1059, en la cathédrale Sainte-Marie de Reims, par l’archevêque Gervais de Château-du-Loir ; celui-ci laissa un mémorandum destiné renforcer l’importance de Reims & de son archevêque ; il ne souleva aucune objection malgré le jeune âge du futur roi ; nombre d’archevêques & d’évêques étaient présent, ainsi que le légat du pape, de même que tous les grands du royaume, tous prirent part à la cérémonie & donnèrent leur assentiment au sacre en criant trois fois : « Nous approuvons, nous voulons ! Qu’il en soit ainsi ! »
Louis VI fut sacré le lundi 3 août 1108, en la cathédrale Sainte-Croix d’Orléans, par l’archevêque de Sens Daimbert ; ce sacre fut fait en toute hâte, pour couper court aux intrigues de Bertrade de Monfort qui favorisait ses fils. La situation était telle que l’on n’attendit pas le dimanche suivant.
Louis VII fut sacré le dimanche 25 octobre 1131, en la cathédrale Sainte-Marie de Reims, par le pape Innocent II qui était en concile, toute la cour papale était présente.
Philippe II fut sacré le jeudi 1e novembre 1179, en la cathédrale Sainte-Marie de Reims, par le cardinal-archevêque Guillaume de Champagne ; il fut associé à son père, qui ressentait déjà les premiers symptômes de l’hémiplégie.
D’importantes dépenses ont été entreprises au point que le cardinal-archevêque dut faire appel au chapitre pour y subvenir. Le roi & la reine ne purent être présent, le premier souffrant d’hémiplégie fut privé de la parole, la seconde étant au chevet du premier. Il y eu néanmoins, les fils d’Henri d’Angleterre qui apportèrent de somptueux cadeaux ; Philippe d’Alsace, comte de Flandre, de Vermandois, d’Amiénois & de Valois, porta l’épée & servi le jeune prince au banquet ; usurpant ainsi les droits du sénéchal Thibaut de Blois qui été absent, révélateur d’une rivalité entre ces deux seigneurs. Henri d’Angleterre, duc de Normandie, se fit remarquer en portant la couronne au-dessus de la tête du prince & lançant l’acclamation « Vive le roi ! ».
Tout porte à croire que c’est lors de ce sacre que furent introduit les rites de chevalerie & la participation des pairs du royaume.
Il fut le dernier à être sacré du vivant de son père.
Louis VIII fut sacré le dimanche 6 août 1223, en la cathédrale Notre-Dame de Reims, par l’archevêque Guillaume de Joinville ; il fut sacré conjointement avec son épouse Blanche de Castille. Un nombre important d’archevêques étaient présent ; ce fut Philippe Hurepel demi-frère du roi qui tint l’épée.
Louis IX fut sacré le dimanche 29 novembre 1226, en la cathédrale Notre-Dame de Reims, par l’évêque de Soissons Jacques de Bazoches. De nombreuses difficultés apparurent, un certains nombres de barons qui avaient mal supporté de devoir courber l’échine devant Philippe II & son fils aurait pu soutenir Philippe Hurepel qui était dans la fleur de l’âge ; le sacre fut donc préparé par Blanche de Castille & les fidèles en toute hâte.
L’archevêque mort de dysenterie comme le roi fut remplacé par le doyen des suffragants ; de nombreux barons étaient absents, certains pris de cours, d’autres préférant prendre leur distance. Au sein des pairs c’était l’hémorragie, le comte Thibaut IV de Champagne fut interdit de séjour pour son attitude devant Avignon, le duché de Normandie était au main du roi de France, le duc d’Aquitaine & roi d’Angleterre était absent, le comte de Toulouse était excommunié & en guerre contre le roi, le comte de Flandre était au cachot depuis Bouvines, seul le duc de Bourgogne était présent. La comtesse douairière de Champagne & la comtesse de Flandre étaient présente & se disputèrent le privilège de tenir l’épée, celle-ci fut portée par Philippe Hurepel qu’il fallait bien traiter ; le roi de Jérusalem Jean de Brienne était présent.
Le sacre est mal connu, si bien que nous ne savons quel ordo fut utilisé, mais ce fut à partir de ce règne qu’il commença à être stabilisé.
Sacre de Saint Louis à Reims de l’Ordo du sacre de 1250, enluminure, atelier de la Vie de Saint-Denis, vers 1250-1260, département des Manuscrits de la Bibliothèque nationale de France.
Philippe III fut sacré le samedi 15 août 1271, en la cathédrale Notre-Dame de Reims, par l’archevêque de Soissons Milon de Bazoches ; l’archevêque de Reims Jean de Courtenay ayant péri à Tunis, c’est son suffragant qui officia ; l’épée fut tenue par Robert II d’Artois.
Philippe IV fut sacré le dimanche 6 janvier 1286, en la cathédrale Notre-Dame de Reims, par l’archevêque Pierre Barbet, il le fut conjointement avec son épouse Jeanne de Navarre.
Louis X fut sacré le dimanche 3 août 1315, en la cathédrale Notre-Dame de Reims, par l’archevêque Robert de Courtenay ; il le fut conjointement avec sa seconde épouse Clémence de Hongrie.
Philippe V fut sacré le dimanche 9 janvier 1317, en la cathédrale Notre-Dame de Reims, par l’archevêque Robert de Courtenay. Il le fut conjointement avec son épouse Jeanne de Bourgogne. Le sacre se déroula dans un climat tendu, Philippe V était contesté en raison de l’écartement de Jeanne, fille de Louis X par la loi salique. Le duc de Bourgogne Eudes IV, oncle de celle-ci ne vint pas, le frère du roi Charles non plus ; les portes de la ville auraient été maintenu fermées & gardées. Mahaut d’Artois, cas unique tint le rôle de pair du royaume, non sans indignation.
Charles IV fut sacré le dimanche 21 février 1322, en la cathédrale Notre-Dame de Reims, par l’archevêque Robert de Courtenay ; le troisième du prélat, celui-ci ne fut pas contesté.
Les Valois
Philippe VI fut sacré le dimanche 29 mai 1328, en la cathédrale Notre-Dame de Reims, par l’archevêque Guillaume de Trie ; il le fut conjointement avec son épouse Jeanne de Bourgogne ; il fut brillant & réhaussé de cinq jours de fête permanente.
Jean II fut sacré le dimanche 26 septembre 1350, en la cathédrale Notre-Dame de Reims, par l’archevêque Jean de Vienne ; il le fut conjointement avec son épouse Jeanne de Boulogne.
Ce sacre présente deux particularités, la première est l’utilisation d’une couronne reliquaire & la seconde, la présence dans la fonction de sénéchal, du fils ainé du roi, premier dauphin de France.
Sacre du roi Jean le Bon des Grandes Chroniques de France, enluminure, auteur inconnu, vers 1375-1380, département des Manuscrits de la Bibliothèque nationale de France.
Charles V fut sacré le dimanche 19 mai 1364, en la cathédrale de Reims, par l’archevêque Jean de Craon. Il le fut conjointement avec son épouse Jeanne de Bourbon. C’est la dernière fois qu’un roi est sacré avec son épouse. Louis d’Anjou, son frère fait fonction de sénéchal ; était présent Philippe, duc de Bourgogne, le chambellan du duc Louis de Bourbon, le roi de Chypre, Pierre Ie de Lusignan, Jean de Berry toujours en otage en Angleterre était absent.
Ce sacre est bien connu grâce à un ordo fort illustré & qui est la quintessence de la christianisation de la fonction royale.
C’est à partir de ce sacre, que fut ajouté une clause d’inaliénabilité du domaine.
Charles VI fut sacré le dimanche 4 novembre 1380, en la cathédrale Notre-Dame de Reims, par l’archevêque Richard Picque. Nombre de grandes figures de la noblesse y était présent : les ducs d’Anjou, de Berry, de Bourgogne, & de Bourbon, ceux de Brabant, de Bar, de Lorraine, le roi Venceslas de Luxembourg, les comtes de Hainaut, de Savoie, de la Marche, d’Harcourt, d’Eu, &c.
La salle du palais archiépiscopale étant trop petite, une grande table sur une estrade parée de drap d’or fut dressée dans la cour.
Charles VII fut sacré le dimanche 17 juillet 1429, en la cathédrale Notre-Dame de Reims, par l’archevêque Renaud de Chartres ; après un début de règne mouvementé au Sud de la Loire & une longue traversée sur les terres ennemis vers Reims. Il ne bénéficia pas du faste traditionnel, les regalia étant à Saint-Denis sous contrôle anglais & l’ordo de Charles V était aux mains du duc de Bedford, mais l’essentiel était là, la Sainte Ampoule ; nombre de grands chevaliers étaient présent, dont Gilles de Rais, qui fut parmi les barons de la Sainte Ampoule.
À l’instar de celui du roi Saint Louis, aucun des pairs n’étaient présent, les comtés de Champagne & de Toulouse appartenaient à la Couronne, le duc de Bourgogne qui était aussi comte de Flandre était à l’ennemi & les duchés de Normandie & d’Aquitaine étaient en mains anglaises. Ce fut au duc d’Alençon qu’incomba la fonction de premier pair laïc, Charles de Clermont, Louis de Bourbon, Guillaume de La Trémoille, Gui de Montfort & Jacques de Dinan, prirent lieu & place de pair laïc. Mais l’absence était aussi présente dans les pairs ecclésiastique, l’évêque de Laon en mission en Languedoc ne put être présent, l’évêque de Langres était bourguignon & les évêques de Noyon & de Beauvais étaient amis des anglais, seul l’archevêque de Reims & l’évêque de Châlons qui avaient suivi l’épopée étaient présent, les autres furent remplacés par les évêques d’Orléans & de Sée, ainsi que par deux prélats inconnus, Charles II d’Albret fit office de sénéchal.
Le journal du siège d’Orléans dit : « Quand la Pucelle vit que le roy estoit sacré & couronné, elle se agenoulla, présens tous les seigneurs, delant luy, & en l’embrassant par les jambes, luy dist en plourant à chaudes larmes : « Gentil Roy, or est exécuté le plaisir de Dieu, qui voulait que levasse le siège d’Orléans & que vous amenasse en ceste cité de Reims recevoir votre saint sacre, en monstrant que vous estes vray roy, & celuy auquel le royaume de France doit appartenir. »
Il y eu grande foule, au point que « Quand le roi fut sacré à Reims, lors se trouva très forte gent autour de Reims, dehors parmi les vignes, & gâtèrent toutes les vignes avec leurs chevaux & autrement. Et quand le roi partit de Reims & tira outre, peu après se relevèrent toutes les vignes, & fleurirent toutes d’une autre pousse & portèrent plus de raisins qu’avant, & dut-on les laisser jusqu’au de la Saint-Martin. »
Sacre de Charles VII, fresque, Jules-Eugène Lenepveu, 1890, église Sainte-Geneviève de Paris (Panthéon).
Louis XI fut sacré le samedi 15 août 1461, en la cathédrale Notre-Dame de Reims, par l’archevêque Jean Jouvenel des Ursins. Le procureur syndic de l’échevinage de Reims Jean Foulquart a laissé un aide-mémoire pour ses successeurs, il préconise de faire reprendre les armes royales sur les portes de la ville & de les surmonter d’un grand étendard, de prévoir des mystères sans parler sur le parcours, que quatre notables doivent l’escorter jusqu’au parvis en tenant un poêle (un dais). D’autres sources nous apprennent que le duc de Bourgogne & de nombreux nobles en magnifique équipage l’accueillirent à Saint-Thierry & qu’il est entré à Reims vêtu de damas blanc & rouge, sur un coursier blanc houssé des armes de France. Étaient présent les archevêque de Reims, Lyon, Bourges & Bordeaux, dix-sept évêques, Cambrai, Tournai, Soissons, Senlis, Chartres, Paris, Troyes, Liège, &c.
Le duc de Bourgogne était le seul pair « historique », les ducs de Guyenne & de Normandie furent représentés par le duc de Bourbon & le comte d’Angoulême, les comtes de Champagne, de Flandre & de Toulouse le furent par les comtes de Nevers, de Vendôme & d’Eu. Après le festin, tous ceux qui le devaient firent hommage au roi, à commencer par Philippe « le Bon » & son fils le comte de Charolais, futur Charles « le Téméraire ».
Charles VIII fut sacré le dimanche 30 mai 1484, en la cathédrale Notre-Dame de Reims, par l’archevêque Pierre de Laval. Par les écrits de Foulquart, nous connaissons bien les préparatifs du sacre, furent recrutés metteurs en scène & acteurs occasionnels, vins & mets furent commandés l’on s’inquiéta des préférences du jeune roi, linge de table, habits neufs, &c.
Une atmosphère digne de la Fête-Dieu, dais & torches, rues parés & jonchées de fleurs & de feuilles, acclamation au cri de « Noël ! » . L’entrée du roi commença par un discours du doyen du chapitre citant la liturgie des Rameaux, le capitaine de la ville présenta les clefs qui furent laissées à sa garde. Tout au long du cortège, quatre cent jeunes gens portèrent des torches ardentes, à la première porte, une jeune fille descendit par engin secret présenter les clefs avec un compliment en vers, là se trouvait un dais de damas pers semé de lys d’or. Au passage du pont de Vesle, il se distrait au spectacle de jeunes gens jouant à la quintaine ; le long du rempart, une fontaine de jouvence, où se baignent « gens de divers états » ; place de la Madeleine, deux enfants allaités par une louve rappellent la légende des origines de Reims, plus loin, ce sont Pharamond & les auteurs de la loi salique, &c.
Puis c’est l’imposant cérémonial qui prit sa place.
Louis XII fut sacré le dimanche 27 mai 1498, en la cathédrale Notre-Dame de Reims, par le cardinal-archevêque Robert Briçonnet ; il n’existe pas de récit détaillé du sacre déjà bien établi.
François Ie fut sacré le jeudi 25 janvier 1515, en la cathédrale Notre-Dame de Reims, par l’archevêque Robert de Lenoncourt ; le choix de la date fut un choix personnel du roi, car il avait échappé à un grave accident ce jour-là.
François Ie touche les scrofuleux, fresque, Carlo Cignani, xviie, palais d’Accursio.
Henri II fut sacré le mardi 26 juillet 1547, en la cathédrale Notre-Dame de Reims, par le cardinal-archevêque Charles de Lorraine ; la cérémonie fut fastueuse, en entrant dans la ville, il fut accueilli par un soleil dans lequel était enfermé un cœur, qui s’ouvrit pour laisser sortir une fillette richement parée qui offrit les clefs de la ville. Sur le pont de la Vesle, l’on pouvait voir un navire attaquant un rocher, sur lequel se trouvait des monstres marins ; au bout de la grand-rue une arche surmonté d’une galerie où apparaissaient douze dames représentant treize vertus formant un acrostiche : Honneur, Espérance, Noblesse, Renommée, Justice, Diligence, Équité, Vérité, Amour, Libéralité, Obédience, Intelligence, Sapience.
La cathédrale était parée de tapisseries, les tribunes étaient parées aux armes de France & de Bretagne, car le sacre eu lieu, jour de la Sainte-Anne ; les pairs laïcs étaient représentés par Antoine de Bourbon, les ducs de Vendôme, de Guise, de Nevers, de Montpensier & d’Aumale ; au dîner il parut avec une couronne étoffée des joyaux de ses coffres.
François II fut sacré le lundi 18 septembre 1559, en la cathédrale Notre-Dame de Reims, par le cardinal-archevêque Charles de Lorraine ; la cérémonie fut retardée d’un jour, car le duc Emmanuel-Philibert de Savoie était malade. Il devait à l’issue des vêpres, remettre au roi l’ordre de la Toison d’Or de la part du roi d’Espagne ; la reine-mère était absente pour cause de deuil, la jeune reine Marie Stuart ne fut pas sacrée, car étant déjà reine des Écossais.
Charles IX fut sacré le jeudi 15 mai 1561, en la cathédrale Notre-Dame de Reims, par le cardinal-archevêque Charles de Lorraine ; la cérémonie fut entaché de dispute, le jeune duc d’Anjou (futur Henri III), passant avant le roi de Navarre, qui avait été premier pair aux sacres précédents ; & le cardinal de Châtillon toujours évêque de Beauvais était marié & protestant (il fut excommunié deux ans plus tard) ; ce fut lors de ce sacre que fut attesté pour la première fois un dialogue devant la porte de la chambre du roi ; le jeune roi trouva la cérémonie fort longue & pleura souvent, ce qui fut interprété comme un présage de calamité, les habits furent si lourd qu’il fallut le porter.
Henri III fut sacré le dimanche 13 février 1575, en la cathédrale Notre-Dame de Reims, par le cardinal-évêque de Metz Louis de Guise ; l’archevêque Charles de Lorraine venant de mourir, son successeur désigné n’étant pas encore ordonné prêtre, il ne put être installé, habituellement, c’est le doyen des suffragants de la province, l’évêque de Soissons qui aurait dû officier, cela en dit long sur la puissance des Guise à ce moment Le cortège était peu ou prou le même que pour ses prédécesseurs, les pairs laïcs furent représentés par les ducs d’Alençon, de Guise, de Nevers, d’Aumale, & de Maine, ainsi que par le roi de Navarre (futur Henri IV), de mauvais présage sont venus entacher la cérémonie, lorsque l’on vint à lui poser la couronne, il fit remarquer qu’elle le blessait & elle vint à lui couler deux fois & les musiciens oublièrent le Te Deum.
Il épousa le lendemain Louise de Lorraine-Vaudémont, nièce du cardinal de Lorraine, mais elle ne fut pas sacrée.
Il est le dernier à avoir porté la couronne de Charlemagne & le premier roi sacré assassiné.
Ce premier assassinat de lèse majesté changea fortement la vision de la personne des rois de France. En pleine guerre de religion et d’instabilité sociale s’éteint Henri de Valois, alors que son assassin, le moine Jacques Clément plaide la légitimité du tyrannicide. C’est ainsi que s’éteins la lignée des Valois…